Ville de Lyon : témoignage sur l’accessibilité urbaine

Des traversées de rues et de voies de tramway

La Métropole de Lyon gère plus de 1 400 carrefours à feux répartis sur 59 communes. Ces feux régulent les différents flux de circulation, que ce soit pour la circulation automobile, les piétons ou les tramways. 73% des traversées piétonnes sont aujourd’hui équipées de répétiteurs sonores.

Développer des répétiteurs de feux sonores adaptés

Outre les nouveaux équipements liés à des créations ou modifications de carrefours, la Métropole consacre chaque année un budget pour la mise aux normes des feux existants. Nous fournissons les modules sonores entièrement paramétrés à la société SEA Signalisation qui les intègre à ses figurines.

« Nous équipons la Métropole de Lyon depuis plus de 20 ans, déjà bien avant que la loi l’exige. Nous innovons néanmoins constamment pour répondre aux exigences du marché. Par exemple, afin de réduire les consommations d’énergie, nous avons développé une option en 24v continu. » MARTIN ROCHON Directeur Général d’Okeenea

La métropole de Lyon sécurise le carrefour sans feux du Totem grâce à nos balises sonores

Le carrefour Place Albert Thomas à Villeurbanne, appelé carrefour du Totem, a été équipé de 12 balises sonores pour faciliter la traversée des piétons aveugles ou malvoyants en toute autonomie ! Ce carrefour complexe est composé de 6 traversées en comptant la voie de bus. 

Les feux tricolores ont été supprimés pour fluidifier la circulation de la ligne forte de bus C3. Mais un carrefour sans feux procure un sentiment d’insécurité pour les piétons ayant un handicap visuel. Comment peuvent-ils localiser le passage piéton pour traverser sans le repère de la synthèse vocale des feux sonores ?

La métropole de Lyon, plusieurs associations représentant les personnes déficientes visuelles et Okeenea se sont concertées pour apporter la meilleure solution possible : des balises sonores installées sur des supports existants ou des mâts piétons. 

Déclenchées à la demande par les piétons déficients visuels, elles leur permettent de repérer facilement la traversée. Une solution qui fait preuve d’innovation alors que de plus en plus de villes décident de supprimer les feux de signalisation ! 

Pour mieux comprendre tous les enjeux qu’un carrefour complexe sans feux pose, on a fait appel aux deux acteurs principaux qui ont co-construit le projet : Manon Callot, Technicienne accessibilité à la métropole de Lyon et Pierre-Marie Micheli, Président de l’association de déficients visuels Point de Vue sur la Ville. Pour eux, améliorer la mobilité des personnes aveugles ou malvoyantes et rendre la ville accessible est un véritable engagement !

Bonjour à vous ! Vous avez travaillé ensemble sur le carrefour du Totem, pouvez-vous vous présenter ?

Manon Callot – Je suis technicienne accessibilité à la métropole de Lyon. J’apporte une expertise technique pour l’accessibilité des personnes à mobilité réduite aux niveaux de la voirie et de l’espace public. Je fais des expérimentations en concertation avec des associations de personnes en situation de handicap pour améliorer leurs déplacements au quotidien.

Pierre-Marie Micheli – Je suis Président de l’association Point de Vue sur la Ville qui agit pour l’accessibilité des déficients visuels sur la voirie, les transports, le cadre bâti et le numérique. On est présents dans la plupart des commissions d’accessibilité de la métropole et de la région. On pousse à faire les bons aménagements pour les personnes déficientes visuelles. Je suis également Vice-Président de l’association des Chiens Guides d’Aveugles de Lyon et du Centre-Est.

Qu’est-ce qui a provoqué la mise en accessibilité de ce carrefour pour les personnes déficientes visuelles ?

MC – La genèse du projet, c’est le réaménagement du parcours de la ligne du bus C3 qui passe par le carrefour du Totem. C’est une des lignes fortes de l’agglomération. Les feux tricolores ont été supprimés au niveau de ce carrefour pour améliorer la fluidité des véhicules de transports en commun. La traversée des piétons n’est donc plus gérée par les feux piétons et les synthèses vocales.

PMM – En 2015-2016, c’était certes un carrefour complexe mais il y avait des feux, des passages piétons. On savait quand on pouvait traverser en sécurité, on allait en direction du son. Après les travaux de réaménagement du carrefour, il n’y avait pas d’aménagement pour les déficients visuels. Le carrefour était encore plus complexe pour nous. On n’avait plus d’orientation, plus d’indication sur le nom de la rue. Cet aménagement était devenu dangereux pour les personnes déficientes visuelles. Quand on est déficient visuel, c’est compliqué de chercher sa traversée.

MC - Les associations de personnes déficientes visuelles nous ont rapidement alertés. C’était devenu trop compliqué pour elles de se déplacer dans ce carrefour giratoire à 5 branches où circulent une ligne de bus à forte fréquence de passage et des vélos à contresens. Elles nous ont fait part du sentiment d’insécurité des piétons déficients visuels. Ils contournaient le carrefour pour l’éviter. Il leur fallait une alternative pour sécuriser leurs déplacements et elles ont proposé la solution des balises sonores. 

C’est la première fois que l’on en pose à la métropole. Avant de poser ce type de dispositif, nous souhaitions d’abord atteindre un taux d’équipement en synthèses vocales de 100 % car la métropole a un nombre important de carrefours à feux. À l’heure actuelle, ce taux d’équipement est de 93 %. Mais suite à la demande des associations et au constat d’une dégradation de l’accessibilité à ce carrefour, nous avons accepté de tester ces balises sonores dans le cadre d’une expérimentation. 

Quels ont été vos rôles respectifs pour rendre ce carrefour complexe accessible ?

MC – Cette expérimentation a été menée en lien avec le service feux de la Métropole qui gère le parc de synthèses vocales. Le choix de l’emplacement des balises s’est effectué en fonction du mobilier présent sur site sur lequel on peut les fixer et la présence des réseaux souterrains pour implanter les mâts manquants. 

L’emplacement des balises ne correspondait pas parfaitement aux attentes des associations mais répondait à l’objectif de localisation des traversées et de création d’un couloir sonore sur le passage piéton. Nous avons organisé une visite du site avec les associations en amont de la pose définitive ; cela nous a permis de leur expliquer nos choix et de préciser les implantations. Les messages et le jingle des balises ont été travaillés en totale concertation avec les associations. 

Il est toujours enrichissant d’échanger avec d’autres personnes pour faire émerger des propositions, des choses auxquelles on n’aurait pas pensé, trouver des solutions qui conviennent à tous. On a pu confronter les avis des personnes qui sont familières de ce carrefour et qui y passent quotidiennement et celles qui ne le connaissent pas et qui ont besoin d’informations complémentaires. 

Le premier bilan suite à la mise en service est très positif. Nous allons laisser vivre l’aménagement quelques mois avant de tirer les conclusions de cette expérimentation et déterminer dans quels cas précis ces balises peuvent être utiles. 

PMM – On épure de plus en plus les lieux comme ça, les grandes places, les grands carrefours. Cela peut être dangereux pour les déficients visuels. On a poussé pour que ce carrefour soit exemplaire. La métropole nous a rendu acteurs dans cet aménagement. C’est bien elle qui est cliente mais elle n’est pas l’utilisatrice à qui le dispositif est destiné. 

La métropole a suivi nos besoins. Manon Callot nous a vraiment écoutés et a mis cela en place avec Christian Minaudier à la métropole. On a participé à l’élaboration des messages sonores un par un, on a demandé à nos adhérents ce qu’ils en pensaient, on a fait changer le jingle Okeenea qui était trop long et on a demandé à nos adhérents de valider. Si à chaque fois qu’il y avait des aménagements on pouvait être acteurs, ce serait génial ! 

En quoi les balises sonores installées aux pylônes des différentes traversées du carrefour facilitent-elles la mobilité des piétons aveugles ou malvoyants ?

MC - La pose des balises sonores a répondu à la demande des associations de repérage et de sécurisation des traversées. Bien que les traversées ne soient plus gérées par feux dans ce carrefour complexe, les balises sonores sont un bon palliatif à la suppression des synthèses vocales. 

PMM - On déclenche les balises à la demande avec la télécommande EO Evasion ou bien avec l’application MyMoveo. Elles nous permettent de nous orienter, de savoir quelle rue traverser, où se situe le passage piéton même si elles ne nous disent pas quand traverser. 

En fait, on fait sonner la balise située de notre côté de la traversée mais aussi celle d’en face. Grâce à cela, on ne part pas en biais quand on traverse et on sait quand on est au bout de la traversée. Chaque balise a un message : on entend une fois le jingle et trois fois le message “Passage piétons sans feux – Nom de la rue.” 

Pourquoi avoir choisi Okeenea ?

MC – Nous travaillons avec Okeenea depuis longtemps. Les balises Okeenea équipent en grande partie le Grand Lyon. Okeenea cherche à innover et à trouver des solutions pour les personnes aveugles et malvoyantes. Leur accompagnement dans cette expérimentation était enrichissant. 

PMM – Il y a une vraie expertise présente chez Okeenea depuis pas mal d’années. Vous avez mis en place les premiers feux sonores. Et puis, vous êtes une entreprise lyonnaise donc on est contents de faire marcher l’économie locale !

C’était super de faire des vrais tests avec plusieurs utilisateurs, comme ici avec les autres associations. Cela a permis d’avoir de vrais retours utilisateurs. Grâce à cela, tout le monde est content : le client, l’utilisateur et l’entreprise qui produit.

Vous aussi, votre ville comporte des carrefours complexes sans feux qui mettent en danger vos piétons aveugles ou malvoyants ? 

Faites le choix des balises sonores pour sécuriser vos traversées et rendre votre ville accessible !