Comment est-ce qu’on conçoit nos cartes de feux sonores ?

Qu’est-ce qui se cache dans une carte de feux sonores ? Comment on la conçoit ? Comment est-elle testée ? Et par rapport à l’usage attendu ? Car la carte doit pouvoir bien fonctionner pour que les personnes aveugles ou malvoyantes la déclenchent avant de traverser.

On a posé ces questions à Pierre, Directeur technique. Il nous donne les clés pour une fiabilité optimisée d’une carte de feux sonores, un petit objet qui facilite la vie des 1,7 million de déficients visuels qui traversent tous les jours les rues de nos villes.

Une simple carte électronique peut être innovante et changer la donne pour votre ville.

 

 

 

 

 

 

 

Pierre Lombrez

Peux-tu te présenter ? 

Je suis Directeur technique. Je travaille chez Okeenea Tech depuis 3 ans. Je suis en charge du développement hardware, firmware et software de nos cartes et de nos produits.

Combien de temps faut-il pour concevoir et tester une carte de feux sonores ? 

Il faut minimum 1 an. On commence par étudier les besoins des clients et des usagers pour définir quelles fonctions peuvent y répondre au mieux. On fait des choix techniques, technologiques, logistiques et économiques avant d’entamer sa conception. On regarde aussi les fonctionnalités qu’on veut lui donner, l’usage attendu pour répondre aux besoins des personnes ayant un handicap visuel.

Ensuite, on fait des pré-séries de quelques milliers de cartes, des prototypes industriels que l’on fait évaluer à nos clients pour qu’ils puissent les tester, les stresser et vérifier qu’il n’y ait aucun problème que l’on n’aurait pas vu ou pas imaginé.

De quoi est composée une carte de feux sonores ?

Il y a une bonne centaine de composants dont un qui est particulièrement important, le bloc d’alimentation. Le marché de l’électronique est extrêmement mondialisé. On fait appel à des fabricants du monde entier, Europe et Asie du Sud-Est, car tout dépend du composant que l’on veut. On ne peut pas privilégier une certaine région ou alors on se priverait de spécialistes. Et on ne pourrait pas optimiser au mieux les performances et la fiabilité de nos cartes.

Des tests sont faits pour savoir si la carte fonctionne bien et a un bon niveau de performance. Comment se passe cette phase de tests ? 

Quand on fait des cartes électroniques, il y a un certain nombre de choses à tester. Elle doit déjà répondre à un certain nombre de normes comme celles de sécurité électrique. On fait des tests électriques par rapport à la compatibilité électromagnétique : le système doit être immunisé des parasites extérieurs. C’est-à-dire que si on lui envoie des parasites, des perturbations électriques ou électromagnétiques, soit directement par des ondes ou par les fils par lesquels ils sont alimentés, la carte doit pouvoir continuer à fonctionner normalement.

La compatibilité électromagnétique, c’est aussi la carte elle-même qui ne doit pas émettre de perturbations pour ne pas brouiller d’autres systèmes alentour.

On doit aussi respecter des normes de sécurité de fonctionnement pour le matériel de la voirie comme la signalisation lumineuse tricolore.

On a des normes de résistance mécanique, à certains chocs, certaines vibrations. Des normes de résistance au feu : la carte ne doit pas être un combustible. Des normes de respect de l’environnement comme la directive RoHS qui interdit l’utilisation de substances dangereuses, polluantes ou toxiques dans les matériels. Des normes sur le recyclage des composants qui ensuite peuvent être polluants quand on les jette comme le mercure. Et puis la directive DEEE sur le matériel électronique.

Tout ça doit faire l’objet de tests. Et un certain nombre de ces tests va être fait par des laboratoires indépendants qui vont certifier que nous sommes conformes ou non à la réglementation. La norme CE que l’on applique également n’est pas une norme de conformité mais elle liste un certain nombre de normes européennes pour tous les équipements électroniques.

Là ce sont tous des tests imposés par la législation mais il y a aussi les tests que l’on veut faire d’un point de vue fonctionnel. On fait des tests logiciels pour les fonctionnalités avec l’outil de paramétrage BlueEO.

 

 

 

 

 

 

 

On vérifie que tous les paramètres peuvent bien être modifiés. Si par exemple, on change le volume à 80 dB, la carte doit bien nous fournir 80 dB. Avec les tests fonctionnels, on veut juste rendre compte d’une qualité, un niveau de performance. Il reste les tests non obligatoires donc non imposés par une norme : des tests d’endurance, de fiabilité, de durée de vie qui nous permettent de pouvoir estimer la durée de vie de la carte. Ce qui peut nous aider quant au niveau de garantie qu’on apporte aux clients.

Notre dernière carte de feux sonores, la carte EO+ J, a une durée de vie de 19 ans. Ce qui est largement supérieur au minimum exigé par la plupart des villes, c’est-à-dire 10 ans.

Comment peut-on estimer la fiabilité d’une carte de feux sonores ?

Ce qui est important dans la fiabilité, c’est de comprendre le besoin du client et d’avoir une carte qui répond à son niveau. Il a besoin d’avoir une carte fiable pendant 10 ans. Ce qui veut dire que durant cette période, le client n’a pas à intervenir pour une question de maintenance ou pour remplacer une carte qui est tombée en panne.

La fiabilité implique des sujets très techniques et du temps. On ne peut jamais affirmer à priori qu’un produit est fiable à 100% car la fiabilité dépend énormément de facteurs extérieurs très variables dans le temps comme les conditions climatiques, le taux d’usage, la qualité de l’alimentation extérieure, etc… Par contre, on peut mettre en œuvre tous les moyens (tests, choix de composants, qualité de conception, qualité de fabrication…) pour maximiser la fiabilité intrinsèque du produit.

Pour la carte EO+ J, on a réalisé en laboratoire spécialisé une étude de vieillissement artificiel de la carte. Celle-ci a permis de révéler les éventuels points faibles qui peuvent potentiellement réduire la durée de vie de la carte et de les corriger. De cette façon, les villes sont satisfaites car elles achètent un équipement durable le plus longtemps possible pour limiter leurs coûts de maintenance.

 

 

 

 

 

 

En quoi la carte EO+ J diffère des autres cartes de feux sonores ?

C’est le fait que la technologie évolue et qu’il y ait moins de composants car ça améliore la fiabilité de la carte. Plus on a de composants sur une carte, plus elle consomme de l’énergie et plus elle chauffe. Et plus on multiplie le risque qu’un de ces composants ait une panne. Avec moins de composants, on sollicite moins l’alimentation donc on l’use moins et on aura une durée de vie plus importante.

Cette nouvelle carte, on l’a vraiment évaluée par rapport à sa durée de vie, pour s’assurer que, dans sa conception, on ait rien laissé au hasard. Il n’y a pas de doute sur sa fiabilité globale.

Vous l’aurez compris, il y a plusieurs étapes afin de concevoir une carte de feux sonores fonctionnelle et répondant aux diverses normes. Elle a aussi un grand pouvoir : celui d’apporter plus d’autonomie aux personnes aveugles ou malvoyantes lorsqu’elles se déplacent et de favoriser leur inclusion dans la société.

Découvrez notre gamme de feux sonores

Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !